Récits et nouvelles
"Ecrire la Roumanie"
Editions non lieu / Institut Culturel Roumain- 2013 )
ouvrage collectif - Prix Panaït Istrati
Avertissement: Les personnages évoqués dans ce texte et les propos que je leur fais tenir ne sont pas imaginaires. Issus de souvenirs lointains, il leur a fallu toutefois subir l'inévitable espièglerie déformante de ma mémoire. ( l'auteur )
La photo vient de tomber de l'album, une ancienne diapositive 24x36, sous cache en carton, mêlée à quelques tirages papier, et qui a profité de ma soudaine velléité de rangement pour se rappeler à mon bon souvenir, plus exactement, pour me rappeler une promesse non tenue. Ne sachant pas si je dispose encore d'une visionneuse en état de marche, je dirige la diapositive vers la fenêtre et l'observe par transparence avec surprise et nostalgie. J'y vois trois femmes, posant devant des ruines et vêtues d'un ensemble bleu marine qui doit être un uniforme. Derrière elles, on distingue trois clochers à l'élégance caractéristique des églises orthodoxes roumaines. La femme du milieu est plus jeune que les deux autres, presque encore une adolescente. Elle sourit plus franchement, avec un certain naturel qui tranche sur l'attitude guindée de ses voisines. La jeune-fille n'est pas particulièrement jolie, mais son attitude attire le regard et c'est elle qu'on remarque en premier. Il me faut un certain temps pour me souvenir des circonstances dans lesquelles j'ai pris une photo aussi banale...
Pas un mot n'a été échangé depuis qu’ils ont quitté l’aire de repos. Marcel et sa passagère regardent en silence les cônes de lumière découpés par les phares de la R18 break qui creusent obstinément la nuit. Devant eux, les deux taches rouges lumineuses de la voiture qui les précède disparaissent régulièrement, signalant le prochain virage. Derrière eux, un autre chauffeur suit, à son tour, les feux arrière qui le précèdent. Tout le monde roule à 130 km/h et les écarts sont stables. La nuit est paisible.
Paisible, vraiment ?
La première fois qu’Il entendit le léger bourdonnement de l’appareil – la sonnerie était toujours à zéro lorsqu’il travaillait – il jeta un bref coup d’œil sur l’écran et n’y découvrant qu’une suite de chiffres, il reprit la phrase là où il l’avait interrompue. Toutes ses connaissances étaient inscrites à leur nom dans le répertoire. Les inconnus ou ceux qui souhaitaient rester anonymes n’avaient qu’à laisser un message. Il comptait surtout que ces derniers finiraient par se lasser.
L'intrigue du roman "Hôtel Dacia" est le fruit de mes voyages européens et de lectures variées. Les textes et les photos de ce "Journal" rendent compte sans souci de chronologie de quelques impressions fugitives, de lieux longuement recherchés, de rencontres fortuites et de souvenirs d'anciens voyages.
Au cours de mes voyages à travers l’Europe, des cimetières, j’en ai vus beaucoup, presque autant que des gares.
Curieux rapprochement, me direz-vous, mais…ne parle-t-on pas du « grand voyage » à propos de la mort ?
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Une Cigarette de trop
adapté à l'écran sous le même titre
Court métrage réalisé par Bernard Loyal
Un soir, les cigarettes vinrent à me manquer. J'allumai la dernière et jetai le paquet vide.
Cela faisait plusieurs jours que je m'étais enfermé pour travailler sur mon roman, l'histoire d'un conducteur de locomotive. Je décrivais ses pensées pendant les longues heures de conduite, le brusque surgissement de souvenirs lointains, enfouis depuis longtemps, comme nous reviennent parfois les images d'un rêve ancien.
( Récit initiatique et note d'intention pour un film-documentaire )
L'expérience est tout d'abord personnelle. Une anecdote ancienne. Un moment de découragement lorsque les épreuves s'accumulent et semblent ne plus vouloir vous laisser de répit. J'ai un peu moins de 20 ans. Je voyage en auto-stop à travers l'Allemagne, dans le sud, principalement.
roman:
Nicolas Pasquier, la quarantaine, est journaliste littéraire, spécialiste de la poésie européenne et amateur de voyages. Lorsqu'on lui confie, un peu contre son gré, le tri de la succession "Georges", un poète et traducteur célèbre qui vient de décéder à Paris, le journaliste est loin d'imaginer que ce travail de routine, qui révèle rapidement des zones d'ombre dans la biographie de l'écrivain, va le mener sur les traces d'un petit groupe d'amis jadis ballotés par les soubresauts de l'histoire, puis dispersés aux quatre coins de l'Europe. La recherche des derniers survivants se double alors d'un voyage dans le temps et l'espace, vers des contrées dont le nom lui-même a disparu des cartes. Le voyageur y découvrira-t-il la raison pour laquelle Georges a toujours refusé d'être traduit en allemand ?